L’ADGMQ questionne quatre jeunes professionnels qui sont :
- Karine, avocate en droit criminel et en droit de la jeunesse.
- Jasen, conseiller d’affaires, profil comptabilité avec une maîtrise en administration des affaires.
- Audrey, comptable et gestionnaire de projet.
- Alexandre, étudiant à la maîtrise en urbanisme.
Portait d’une relève potentielle et de leur compréhension du directeur général municipal.
Si on leur dit « monde municipal », que leur vient-il en tête?
Karine : Il me vient à l’esprit tout employé de la ville tel que les cols bleus, les cols blancs, les pompiers, les policiers. Je pense aussi à mon compte de taxes et, dans une lignée plus sérieuse, à tout ce qui n’est pas de juridiction provinciale ou fédérale.
Jasen : « Volume de transactions élevé » est la première chose qui me vient en tête! Pour moi, le monde municipal, c’est surtout tenter de plaire à tout le monde en sachant que cela est impossible.
Audrey : Pour moi, le monde municipal, c’est répondre aux besoins de la population tout en réalisant des projets d’envergure ainsi que des projets d’investissements dans différentes sphères, soit immobilière, communautaire, environnementale et commerciale. C’est également un jeu politique comprenant des interactions à différents niveaux.
Alexandre : Quand j’entends « monde municipal », cela me fait penser au domaine public où se mêlent des professionnels de diverses formations avec des personnes issues du monde politique. Cela me fait également penser aux fonctionnaires travaillant dans un objectif commun sans pour autant rechercher un quelconque bénéfice individuel, mais plutôt collectif.
Ont-ils déjà considéré le monde municipal comme employeur ?
Quand on leur demande d’imaginer le profil type d’un DG de ville, ils nous répondent…
Karine : Je n’ai pas suffisamment de connaissance dans ce milieu et dans cette fonction précise. Malheureusement, je ne pourrais pas vous dresser un profil.
Jasen : À vrai dire, je ne pourrais pas vous dire entre un homme ou une femme, mais ce qui me vient instinctivement en tête pour le profil d’un DG d’une municipalité, c’est plus une personne âgée de 35 à 50 ans possédant un background à la fois relationnel et entrepreneurial.
Audrey : Lorsque j’imagine un DG d’une ville, je vois une personne d’un certain âge ayant une bonne prestance et possédant de l’expérience dans le monde de la gestion et des affaires. Un individu qui aime la politique et qui est issu de ce domaine. Une personne de caractère qui saura travailler conjointement avec le maire et orienter sa vision.
Alexandre : Selon l’idée reçue, je dirais qu’un DG d’une ville serait un homme d’environ 50 ans venant d’une formation dans le domaine de l’administration ou de la politique dans le but d’œuvrer dans la gestion d’une ville et de son personnel. Selon mon point de vue, je ne catégoriserais pas le DG comme un emploi bien défini, mais davantage comme un titre honorifique à l’exemple des DG dans les collectivités territoriales en France ou un élu influent qui exerce ce type de rôle pour le titre plutôt que pour l’utilité publique.
Savent-ils que des professionnels avec un profil comme le leur oeuvrent comme DG?
Ont-ils une idée globale du rôle du dg dans une ville?
Sont-ils curieux d’en apprendre davantage sur cette profession et de savoir s’ils ont le profil?
En ordre d’importance, quelles seraient leurs motivations à devenir DG?
Si la conciliation travail-famille arrive aisément en première position des motivations pour devenir une ou un DG, la possibilité de travailler dans différents milieux de vie — soit autant à la campagne qu’en ville, par exemple — arrive bonne dernière. Tandis que la qualité du salaire et des avantages sociaux représente la deuxième motivation principale, sont ex æquo le caractère non routinier de la profession et l’apport à la société que ce métier procure. Précisions qu’en quatrième position, se trouve la pleine réalisation professionnelle apportée par la fonction de DG.
S’ils se font offrir une entrevue pour un poste de DG, ils…
Et pourquoi?
Karine : Je fonce. Encore faudrait-il que je sache en quoi consiste l’emploi et pour quelle municipalité. Mais je suis toujours à la recherche de nouveaux défis et d’apprentissage.
Jasen : Je refuse. Personnellement, ce n’est pas un rôle où mes forces seront mises de l’avant. Par conséquent, je ne crois pas que je pourrai atteindre mon plein potentiel personnel. Je ne suis pas un fan des « gros mandats » qui durent des mois et je n’aime pas me « tracasser » avec 42 projets de longue haleine en même temps.
Audrey : J’hésite. Je ne considère pas avoir atteint un niveau d’expérience professionnelle nécessaire à ce jour pour pourvoir ce genre de poste. De plus, le monde municipal semble assez prenant et nous expose à une certaine vie et exposition publique qui peut parfois moins m’intéresser.
Alexandre : Ne connaissant pas réellement le rôle global d’un DG, avant de foncer dans ce type d’emploi, je souhaiterais en apprendre davantage sur son rôle au sein de la ville et son travail au quotidien. Comme je suis dans le domaine de l’urbanisme, si les métiers sont conciliables, pourquoi pas, mais dans le cas où le rôle d’un DG est davantage dans le domaine de l’administration ou dans la gestion du personnel sans influence sur des projets et des réalisations, je ne serais pas intéressé. Contribuer à quelque chose de concret m’intéresse davantage.
Conclusion
Certes, cette étude n’est pas représentative de la relève potentielle de par son échantillon excessivement restreint. N’en demeure pas moins qu’elle permet de dégager certaines tendances dont l’incompréhension du rôle du DG et, par conséquent, la difficulté de s’y projeter à titre de jeune professionnel. Pour séduire une relève potentielle à la fonction de DG, il faudra en amont s’assurer que celle-ci connaisse l’existence de cet emploi et comprenne ses rouages principaux.
Si, dès un jeune âge, l’importance et la portée du travail d’un DG sont mieux connus, plus grande seront les possibilités qu’une relève s’y intéresse. Ou du moins, cette compréhension permettra certainement aux citoyens de mieux saisir le fonctionnement de leur municipalité.
Ainsi dans le contexte actuel où « gouvernement de proximité » et « autonomie municipale » sont sur toutes les lèvres, n’est-ce-pas le bon moment? Le monde municipal ne devrait-il pas saisir ce momentum pour susciter l’intérêt d’une relève potentielle à faire une différence dans sa collectivité, et ce, à titre de haut dirigeant?
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